McEWEN, Jean Albert : 1923 - 1999

C'est en 1946, à l'âge de 23 ans, alors qu'il étudie en pharmacie à l'Université de Montréal, qu'il assiste à la projection de «The Moon and Sixpence», un film inspiré de la vie et de l'oeuvre de Gauguin. Il en ressort bouleversé, au point de se rendre chez un marchand de matériel d'artiste.

En 1949, une rencontre avec Paul-Émile Borduas, aura un impact profond sur ses intentions artistiques. Lors d'un séjour en France en 1952 il prend contact avec Jean-Paul Riopelle ce qui confirmera sa direction artistique. Toute cette période européenne est riche d'expériences déterminantes : rencontres avec des peintres qui marqueront sa trajectoire, entre autres Sam Francis ; rencontre avec l'oeuvre de Jackson Pollock ; fréquentation des grands Musées. Le jeune diplômé en pharmacie opte désormais pour une expression résolument non figurative.

en 1953, à bout de ressources il rentre à Montréal et accepte un emploi de représentant en produits pharmaceutiques chez Frosst. La peinture l'occupant énormément, il conclue une entente avec monsieur Frosst, qui lui donne la liberté de peindre quatre jours par semaine.

En 1955, il crée une première toile séparée en deux compositions verticales à la fois semblables et distinctes. Il dira :« Les Anciens faisaient des triangles, les Grecs avaient des colonnes. Moi, je fais des verticales."

Le marché canadien pour la vente de l'art abstrait étant très petit, il doit poursuivre sa vie parallèle de représentant pharmaceutique. Il trouve cependant quelques alliés, dont Guido Molinari et Fernande Saint-Martin, qui ouvrent à Montréal une galerie consacrée à l'art non figuratif. En 1973, il peut enfin se consacrer entièrement à ce qui fait le bonheur de sa vie : la peinture.

Autre particularité des oeuvres de l'artiste Il peint avec ses mains. Pour Jean McEwen « Un tableau doit avoir quelque chose à dire chaque fois qu'on le regarde »• Il travaille ses tableaux par étapes successives, reprenant, corrigeant sans cesse jusqu'à ce qu'il ait tout dit.

En plus de nombreuses expositions au sein de galeries québécoises, il a exposé en solo à Toronto à New York et au Centre culturel canadien à Paris (1978). Le Musée d'art contemporain de Montréal lui a consacré une rétrospective en 1973 («McEwen 1953-1973») et le Musée des beaux-arts de Montréal a fait de même en 1987 («Jean McEwen, La profondeur de la couleur»

Jean McEwen a également participé à de nombreuses expositions de groupe parmi lesquelles : Espace 55 (1955) à Montréal; Salon du Printemps (1950, 1961, 1962, 1963, 1965) à Montréal; Exposition internationale (1962) en Tunisie; Commonwealth Art (1962) à Londres; Recent Acquisitions (1962) au MOMA à New York; Biennale (1963) à Sao Paulo; Dix peintres du Québec (1968) à Montréal; L'Art au Québec, 1948-1970 (1970) à Montréal; Histoire en quatre temps (1987) à Montréal; La crise de l'abstraction au Canada - Les années 1950 (1992-1994) à Montréal, puis à travers différentes villes canadiennes; Peinture-peinture (1998) organisée par l'AGAC à Montréal.

Élu académicien à l'Académie Royale des arts du Canada en 1969, Jean McEwen a aussi reçu divers prix et mentions tout au long de sa carrière tels le Concours artistique de la Province de Québec (1961), ou Sondage 68 au Musée des beaux-arts de Montréal (1968) où il obtient une mention honorable. En 1977 il reçoit du Conseil des Arts du Canada la bourse Victor Lynch-Staunton, qui honore les artistes qui se sont nettement distingués dans le domaine des arts. En 1998, c'est le Prix Paul-Émile Borduas qu'il reçoit du gouvernement du Québec.

Il meurt le 9 janvier 1999 à Montréal.

Ces oeuvres font parties de collections publiques canadiennes à la Galerie de l'Ontario à Toronto, à la Banque du Conseil des Arts du Canada, à la Galerie d'art Edmonton, à la Galerie d'art London, Ontario, au Musée des Beaux-Arts de Montréal, au Musée du Québec, à la Galerie Nationale du Canada à Ottawa, à la Galerie d'art Vancouver et à la Galerie d'art Winnipeg.